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Julien Benneteau: "Gagner Roland en double, c'était improbable"

Julien Benneteau: "Gagner Roland en double, c'était improbable"

Pour la première fois, j'ai eu l'immense honneur de réaliser une interview d'un joueur de tennis professionnel. Après avoir reçu un mail de Roland-Garros contenant des fiches sur tous les joueurs français en lice pour le Roland-Garros de cette année, mon choix d'entretien s'est rapidement porté sur Julien Benneteau, un joueur dont j'admire la combativité et qui a marqué mes après-midi devant la Coupe Davis à la télé. Le Bressan, qui possède un beau palmarès (en double particulièrement) et qui aime profondément le sport, est revenu à Roland après s'être remis d'une vilaine pubalgie, survenue l'an dernier. Après avoir réglé les modalités de l'entretien avec la dame qui gère les relations presse de l'ancien 25ème joueur mondial, j'ai donc eu la chance, hier, de m'entretenir pendant un quart d'heure avec ce joueur français très sympathique.

Julien Benneteau (a droite) avec Edouard Roger-Vasselin (à gauche) lors de la victoire du duo à Roland-Garros en 2014

Julien Benneteau (a droite) avec Edouard Roger-Vasselin (à gauche) lors de la victoire du duo à Roland-Garros en 2014

Bonjour Julien. Vous êtes quart de finaliste en double (l'interview a eu lieu hier), cette année et vous avez bénéficié de trois jours pour préparer cette rencontre. Est-ce que cela vous a semblé utile?

On le saura demain. Ca n'est jamais arrivé de s'arrêter trois jours. Toutefois, on a un peu l'expérience de gérer ces aléas et on a bien géré nos journées. On a hâte d'être à demain.

 

Vous revenez avec Edouard Roger-Vasselin, avec qui vous avez gagné ici en 2014. En tant que tennisman, français de surcroît, quel émotion cela procure d'avoir gagné Roland?

C'était une émotion indescriptible. C'était improbable. On a eu beaucoup de matchs difficiles. Cela faisait trente ans qu'une paire française n'avait pas réalisé cela à Roland; les derniers à l'avoir fait, c'étaient Henri Leconte et Noah en 1986. Fêter cette victoire ici, avec nos familles et nos amis, c'était fort.

 

Après une année 2015 minée par une pubalgie, vous revenez donc. Quand on revient après une telle blessure, quelle est votre plus grande crainte: se blesser de nouveau ou retrouver son meilleur niveau?

Les deux idées s'imbriquent. Il est vrai que, quand on ressent une gêne, cela se ressent dans le niveau de jeu. Toutefois, il faut rester positif, ne pas se morfondre, s'entraîner: si la tête va, les performances iront de même.

Durant votre année, qu'est-ce qui a été le plus dur: être éloigné des courts ou se coltiner les matchs de l'OM cette saison (Julien Benneteau est un fan de l'équipe marseillaise, ndlr)?

C'est vrai que, regarder les matchs de l'OM n'ont pas été une partie de plaisir cette année... Il est vrai que de rester hors des courts s'est révélé difficile: il y a beaucoup d'évènements que j'ai du manquer comme Roland-Garros, Wimbledon et la Coupe Davis. Toutefois, je me suis mis dans l'idée de ne pas me morfondre. Devenir papa m'a, d'ailleurs, aidé dans cet objectif. 

Vous êtes un joueur qui a une immense passion pour le sport: quelle a été votre premier souvenir de tennis?

Il y en a eu quelques uns, comme la victoire de Michael Chang à Roland en 1989, ou l'épopée de Connors lorsqu'il a atteint les demis-finale de l'US Open à 39 ans. Néanmoins, c'est la finale de Coupe Davis de l'Equipe de France en 1991 qui m'a le plus marqué. J'étais dans les tribunes pendant tout le week-end, et vivre ça, c'était exceptionnel, ça m'a donné une plus grande motivation pour continuer mon chemin dans le tennis.

Pour vous, quelle est l'icône ultime du monde du sport?

(Il hésite) Michael Jordan m'a fait rêver, Senna également, puisque j'ai appelé mon fils Ayrton. Je vais en oublier certainement, mais il y a également Michael Phelps, Carl Lewis. Bolt, également, c'est un demi-dieu: ça serait fabuleux de le voir décrocher son troisième titre olympique d'affilée sur 100m.

Pour revenir à la Coupe Davis, vingt ans après avoir assisté à la victoire de 91, vous êtes appelé à votre tour en équipe de France. Quel sentiment cela fait de rejoindre cette équipe qu vous a fait rêver petit?

C'est un sentiment incroyable, une émotion forte, un rêve qui se réalise, ainsi qu'une fierté de vivre ça.

Je me souviens de plusieurs rencontres en 2010, où vous aviez fait rêver les Français en double avec Michaël Llodra, notamment face à l'Espagne en quarts ou l'Argentine en demi. Est-ce que, dans un sport aussi individuel que le tennnis, jouer pour son pays vous transcende particulièrement?

Je ne sais pas si cela me motive plus, mais ça fait forcément rêver. La Coupe Davis et les JO sont des évènements que je regardais à la télé quand j'étais tout petit. C'est clairement un bonheur et une chance immense de pouvoir disputé ce genre d'évènements.

En parlant, des JO, on se souvient de Londres en 2012, où vous aviez décroché la médaille de bronze avec Richard Gasquet. Ca rend la médaille encore plus spéciale je suppose?

Effectivement, c'est assez incroyable, d'être nous quatre sur le podium. On ne s'en rend pas compte tout de suite, on n'entend pas la Marseillaise (ce sont les frères Bryan qui avaient remporté les Jeux en double, ndlr) mais voir deux drapeaux français flotter sur le Central de Wimbledon lors de la remise des médailles, c'est émouvant.

 

Le podium des JO de Londres en double messieurs, bien représenté par la France.

Le podium des JO de Londres en double messieurs, bien représenté par la France.

Vous pensez que la moisson de médailles tennistiques à Rio sera aussi importante qu'à Londres, il y a quatre ans?

Bien sûr, on peut aller chercher 3-4 médailles chez les filles comme chez les garçons.

Pour revenir à votre carrière individuelle: il y a 10 ans, vous avez réalisé une véritable épopée en atteignant les quarts de finale à Roland-Garros. Vous y avez, notamment, battu Marcos Baghdatis, alors récent finaliste de l'Open d'Australie, en cinq sets. Chaque joueur a un raport particulier avec Roland: quel est votre court favori là-bas?

Sans hésiter, le Lenglen. C'est là où j'ai battu Baghdatis en 2006, mais c'est également sur ce court que j'avais battu Robin Soderling au troisième tour en 2008. Là encore, cela avait été un match énorme.

On a bien parlé de la France, mais si j'ai décidé de vous interviewer, c'est parce j'aime, également, votre Twitter, et vous semblez montrer une ouverture sur le monde qui vous entoure. Est-ce que voyager vous permet de voir comment se développe le tennis dans le monde, notamment en Asie?

Il est vrai qu'on voit des choses, mais on n'est pas à l'intérieur non plus. Il y a quelques années, on nous parlait de l'arrivée de joueurs chinois qui allaient tout raffler sur le circuit. Or, aujourd'hui, après Na Li et Jie Zheng, qui a été demi-finaliste à Wimbledon, on ne voit pas de relève arriver. Néanmoins, on constate des progrès dans les infrastructures.

Enfin, pour clore l'interview, qu'est-ce que je peux vous souhaiter pour le reste de la saison?

De revenir à mon meilleur, engranger des victoires et remonter au classement.