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Pourquoi Andy Murray mérite sa place de numéro un mondial

Pourquoi Andy Murray mérite sa place de numéro un mondial

Quatrième membre du "Big Four" , joueur de tennis incontournable dans l'Histoire du tennis, Andy Murray est, toutefois, longtemps resté dans l'ombre de Federer, Nadal et Djokovic. Aujourd'hui, c'est lui qui attire tous les projecteurs, puisqu'il est (enfin) devenu numéro un mondial à Bercy. On vous explique pourquoi cette consécration est indiscutablement méritée pour le joueur britannique, qui vit une année 2016 magnifique.

Andy Murray lors de son sacre aux JO de Londres en 2012

Andy Murray lors de son sacre aux JO de Londres en 2012

Parce qu'il a un palmarès hors norme

Tout d'abord, ce qui clochait chez Murray, c'était de mettre en parallèle son palmarès exceptionnel et le fait qu'il ne soit jamais devenu numéro un mondial. En effet, en regardant son tableau de chasse, on voit qu'il compte pas moins de quarante-deux titres. Si on compare cela avec le palmarès des 25 numéro un mondiaux qui ont précédé l'Ecossais, on remarque que seuls Nastase, Borg, McEnroe, Connors, Becker, Sampras, Agassi, Federer, Nadal et Djokovic ont fait mieux. Bref, on parle, ici, de  joueurs qui n'ont pas atteint le sommet de la montagne par hasard et qui ont marqué l'Histoire du tennis. Parmi ces quarante-deux titres, on en compte trois en Grand Chelem (dont ses deux sacres à Wimbledon, les deux premiers d'un joueur britannique depuis Fred Perry en 1936), treize en Masters 1000 et deux aux Jeux Olympiques. A cela, on peut ajouter qu'il demeure l'un des dix seuls joueurs de l'histoire de l'ère Open à avoir disputer la finale des quatre tournois majeurs, et on peut louer le fait qu'il ait porté à bout de bras l'équipe britannique de Coupe Davis pour soulever le Saladier d'Argent en 2015. Même si le Masters lui échappe encore, il faut reconnaître que Murray a sa place dans la légende rien que pour son palmarès hors-norme.

 

Parce qu'il fait preuve d'une régularité exceptionnelle

Cette accession sur le trône du tennis mondial fait, avant tout, suite à l'exceptionnelle régularité du joueur écossais en 2016. Distancé de 8000 points par Novak Djokovic au mois de janvier, Murray a, petit à petit, rattrapé son retard en enchaînant les performances monstrueuses semaines après semaines. Le britannique a, ainsi, remporté sept titres cette saison (dont Wimbledon, les Jeux Olympique et les Masters 1000 de Rome et Shanghaï) et disputé les finales de l'Australian Open, Roland-Garros, et des Masters 1000 de Madrid,  Cincinnati et Bercy. Certes, la baisse de régime de Novak Djokovic a facilité les choses, puisque le serbe a perdu pas mal de points en cette seconde partie de saison. Toutefois, Murray a soulevé tous les trophées (ou presque) que le serbe a laissés échapper sur sa route. Ainsi, cet été, le britannique a réalisé une série de 21 victoires consécutives et reste sur 19 victoires d'affilée depuis l'US Open. Et ça, il n'y a que des numéro un mondiaux qui peuvent prétendre réaliser des exploits pareils.

De manière générale, cette consécration récompense huit années (ou presque, si on fait exception de sa saison 2014 où il revenait d'une blessure sérieuse au dos) passées au sein du top 4. Pendant huit ans, Murray est parvenu à rivaliser avec Federer, Nadal et Djokovic, mais en restant dans l'ombre de ces trois joueurs d'exception. Ainsi, pendant ces huit ans, Murray a appris de ces trois monstres (et réciproquement) et a même signé des victoires de prestige face à ces trois joueurs. D'ailleurs, ce sont souvent des victoires face à l'un de ces trois joueurs qui lui ont permis de franchir les paliers nécessaires à sa progression. On se souvient de la finale des JO de Londres, où il avait terrassé Federer un mois après avoir verser quelques larmes suite à sa défaite face au suisse à Wimbledon. Ce jour là, il s'était enfin imposé chez lui, en marge d'un évènement de grande exposition. On se souvient également de son premier sacre en Grand Chelem (après avoir perdu quatre finales) au terme d'une finale intense disputée à l'US Open contre Djokovic en 2012. De même, c'est face au serbe qu'il a mis fin à la fameuse série de 76 années sans victoire britannique à Wimbledon. Enfin, plus récemment, il s'était permis de terrasser Nadal sur la terre-battue madrilène. Cela lui a permis de prendre confiance en lui sur terre-battue et de commencer à aligner des performances sur cette surface qui sont équivalentes à celles qu'il réalise sur dur ou gazon. Ainsi, Murray a trimé plus que Federer, Nadal ou Djokovic pour atteindre ce Graal et il devient, ainsi, le deuxième joueur le plus vieux (après John Newcombe dans les années 70) à devenir numéro un mondial pour la première fois de sa carrière. 

 

Parce que c'est un tennisman complet

Enfin, la dernière raison pour laquelle Murray mérite sa place de numéro un mondial est qu'il a contribué à tirer vers le haut le niveau de tous les joueurs, à commencer par Djokovic, Nadal ou Federer. L'équation est simple: Andy Murray sait tout faire, à n'importe quel moment du match. Techniquement, le nouveau numéro un mondial ne possède aucune faille: il sait élever la qualité de son service dans les moments importants, il peut dicter le rythme d'une rencontre avec son coup droit et son revers, il réalise les meilleurs passings de coup droit du circuit et possède une volée de très bonne qualité. Physiquement, Murray est un monstre qui est capable d'imposer sa cadence physique même face aux joueurs les plus athlétiques du circuit, et même après quatre heures de match. Mentalement, même s'il reste friable par moment (comme lors de son quart de finale perdu contre Kei Nishikori lors de la dernière édition de l'US Open), Murray parvient à trouver la force mentale pour se sortir des situations mal embarquées, celles qui correspondent aux jours où la qualité de jeu est moins bonne. Ainsi, mercredi, il est sorti gagnant de son duel face à Verdasco après un match poussif dans tous les compartiments du jeu. Peut-être que cette force-là vient de l'expérience tragique qu'il a vécue dans sa tendre enfance: en effet, lorsqu'il avait neuf ans, Murray a été témoin d'une fusillade qui a éclatée dans son école primaire de Dunblane et qui a ôtée la vie de 18 enfants.

 Toutefois, c'est dans le domaine tactique où Murray impressionne le plus. Tout d'abord, le Londonien de résidence, avec son staff, passe au peigne fin les forces et faiblesses de ses adversaires , quitte à rédiger des antisèches qu'il peut lire lors des changements de côtés. De même, quand on le regarde jouer, on se rend compte que le britannique possède plusieurs plans pour contrer ses adversaires. Par exemple, lors de son quart de finale à Roland-Garros face à Richard Gasquet, on a vu Murray forcer le Français à s'engager dans de longs et âpres échanges pendant les deux premiers sets avant de profiter de la baisse de régime du Biterrois pour attaquer tout azimuth lors des deux derniers sets du match.

Cette consécration est, ainsi, le résultat d'un travail acharné et réfléchi réalisé depuis des années. En effet, le joueur écossais s'est évertué à améliorer chaque détail de son organisation pour devenir meilleur de jour en jour. Le double médaillé d'or olympique travaille avec une équipe assez large. Tout d'abord, il est intéressant de constater qu'au cours de sa carrière, Murray s'est entouré d'anciens joueurs qui ont du persévérer pendant de nombreuses années avant d'atteindre le sommet de leur carrière. On pense, ainsi, à Amélie Mauresmo, qui a coaché le Britannique entre juin 2014 et avril 2016, et qui avait atteint la première place mondiale puis son objectif de remporter un titre Majeur après de nombreuses années passées dans le top 5. On pense également à son entraîneur actuel, Ivan Lendl, qui avait perdu de nombreuses finales de Majeurs avant de soulever le trophée de vainqueur de Roland en 1984 et de devenir, par la suite, une véritable machine de guerre. Dans la galaxie Murray, on compte également la présence de ses préparateurs physique, de son nutritionniste, de sa psychologue (qui est d'ailleurs celle qui accompagnait Ivan Lendl sur le circuit dans les années 80), de son prof de fitness, mais aussi de son agent. Ainsi, comme Novak Djokovic, Murray suit un régime alimentaire très strict, et applique des méthodes de fitness originales, comme celle du Gyrotonic (qui consiste à répéter des mouvements circulaires pour améliorer la circulation). D'après plusieurs sources, il prendrait même des jets privés pour éviter de perdre du temps dans les aéroports.

Enfin, il serait malhonnête de passer à côté du rôle majeur qu'occupe sa famille dans son quotidien. On pense notamment à sa mère, Judy, qui l'accompagne souvent dans les tournois et qui avait pris la décision de l'envoyer faire ses classes en Espagne durant son adolescence car il ne trouvait pas de partenaires de son niveau en Grande-Bretagne. On pense également à son frère Jaimie, spécialiste du double avec qui il a remporté la Coupe Davis l'année dernière. Enfin, sa femme, Kim, et à sa fille Sophia, née au mois de février, comblent sa vie et lui font voir le tennis sous un nouveau jour. Ainsi, avec l'arrivée de sa fille, Murray prend plus de plaisir sur les courts et aborde ses rencontres plus sereinement. Cette sérénité semble ainsi avoir été la dernière clé manquante pour atteindre ce qu'il convoitait depuis de nombreuses années. Maintenant, le règne de Murray commence: espérons pour lui qu'il ne soit pas éphémère.