Kyrgios depucellé par Nadal.

Une énorme sensation vient de s'abattre sur le Centre Court de Wimbledon: Nick Kyrgios, 19 ans et 144ème (et dont on a déjà vanté les mérites sur Court Central) a livré une prestation XXL pour s'offrir le scalp de Rafael Nadal en huitième de finale (7/6 5/7 7/6 6/3). Plus que jamais une nouvelle étoile du tennis est née.

On vous avait loué le talent et le jeu de ce jeune australien (voire l'article Tea Time à Wimbledon), et on peut dire qu'on ne s'estt pas trompé. En effet, Kyrgios possède un tennis en or, comme on ne le voit plus souvent: un service de plomb (semblable à celui de Philipoussis (ancien joueur australien qui avait, lui aussi, un talent d'or, avant d'être rattrapé par des blessures)), et une beau jeu d'attaque avec un coup droit plat et surpuissant, un revers qui trouve des angles chirurgicaux et une volée belle et fréquente. Surtout, sa manière d'aborder le match et son attitude sur le court (qui rappelle un peu celle de Tsonga lorsqu'il avait écrasé Rafael Nadal en demi-finale de l'Australian Open en 2008) nous laissent bouche bée car jouer Nadal pour la première fois de sa carrière sur le Centre Court de Wimbledon peut paraître tétanisant. Ainsi, "Nicky" est resté solide mentalement et s'est montré ferme sur son service. La statistique est sans appel: tous les points joués à l'issue de sa première balle de service sont gagnés par l'Australien. Face à cela, Rafa a résisté, mais ne s'est pas mis en danger. Sur le tie-break du premier set, ce manque d'initiative lui fera défaut et c'est Kyrgios qui met la pression sur l'Ogre Rafa en le breakant. Rien que sur ce premier set, pas moins de 22 coups gagnants sont à mettre à son honneur.

La deuxième manche demeure aussi indécise: une aubaine pour Nadal quand on sait qu'il a perdu le premier set à chacun de ces matchs à Wimby cette année tout en s'en tirant victorieux en quatre sets. Le festival Kyrgios, lui, continue, devant une petite mais chaleureuse colonie australienne: d'origine grecque, tous ses coups se transforme en or, tel le roi Midas (que dire du tweener-prise de balle tôt à 3-3?). Cependant, Nadal n'est pas mort et se réveille même: de ce fait, à 6-5 en sa faveur, il fait valoir son rang, se procure deux balles de break et saute sur l'occasion pour égaliser.

Malgré cette perte, la confiance de Kyrgios n'est pas atteinte (bien au contraire), si bien que l'égalisation de Nadal fait office de feu de paille. Comme si de rien n'était, le géant mesurant 1m91 continue d'envoyer des caramels dans tous les sens. En face, Nadal n'arrive pas à trouver la faille, à varier le jeu, et ne se montre pas opportuniste. Le tie-break du troisième set aura la même issue que celui du premier: l' "Aussie" de 19 ans prend sa chance sur le service adverse et s'envole 2 sets à 1. Déchaîné, plus rien ne l'arrêtera, et face à cela, la machine Nadal coule. La force du service du héros du jour, en apesanteur, fait écho au poids de son exploit: sur un trente-septième et dernier ace, il scelle sa victoire et, tel un matador, a neutralisé le "Taureau des Baléares". Quand on se souvient qu'au même âge, Nadal avait battu Federer à Roland-Garros avant de soulever le trophée par la suite, on peut désormais prendre date pour lui. Pat Cash, ancien vainqueur à Wimbledon nous avait prévenu: c'est le joueur australien le plus prometteur depuis Lleyton Hewitt. La victoire de son protégé lui donne raison. Et ce n'est qu'un début...